mercredi 3 juin 2015

Promotion et vulgarisation de la consommation du manioc jaune au Congo Brazzaville



Introduction
En Afrique Sub-saharienne, plus de trois millions d’enfants de moins de cinq (5) ans souffrent partiellement ou totalement de la cécité due à la déficience en vitamine A. Au Congo, une enquête sur les carences en vitamine A réalisée en 2003 selon la technique de l’impression oculaire transférée (OIT) par l’ONG Médecins d’Afrique avec l’appui de l’UNICEF a révélé que 51,8% des enfants de 6 à 59 mois et 44,4% des femmes enceintes et allaitantes présentaient une  carence en vitamine A, contre le seuil de 40% fixé par l’OMS.
 Par ailleurs, la déficience en vitamine A favorise chez l’enfant, certaines affections telles que les diarrhées, les maladies respiratoires, la rougeole. La principale source en vitamine A est d’origine animale. Les produits carnés, en raison du prix élevé,  sont en général peu accessibles à la majorité de la population qui est frappée par la pauvreté. La beta carotène, une forme de pro vitamine A est une source de vitamine A plus accessible économiquement contenue dans des plantes notamment le manioc. Les variétés à pulpe jaune sont les plus riches en beta carotènes. Au Congo, plusieurs variétés de manioc a pulpe jaune existent. Leur consommation sous forme de tubercules bouillis est marginale, le congolais adore plutôt le manioc à pulpe blanche sous forme de chikwangue ou de pate à partir de la farine (foufou). Aussi, le manioc jaune n’a jamais fait l’objet d’une transformation en vue d’obtenir la chikwangue ou le foufou.
Vu la consommation régulière du manioc, l’usage des variétés à pulpe jaune, plus riches en beta carotène pourrait fortement contribuer à la lutte contre les déficiences en vitamines A. C’est dans ce cadre que l’IRA s’est engagé à collecter, sélectionner les variétés de manioc à pulpe jaune, à transformer en chikwangue et à proposer aux consommateurs.


Activités réalisées
Mise en collection des variétés de manioc à pulpe jaune
Des prospections ont été faites dans tous les départements du pays. Des introductions ont été également faites des pays étrangers. Les variétés locales et étrangères obtenues ont été mises en collection.
Sensibilisation de la population sur la valeur nutritionnelle du manioc jaune
A plusieurs occasions de formation des agriculteurs au sein des Groupements d’intérêt Economique Communautaire, des femmes rurales soutenues par des projets de développement rural ou par le Ministère de la Promotion et de l’Intégration des Femmes au Développement ainsi lors des émissions radiodiffusées, les scientifiques de l’IRA informent la population sur l’intérêt de consommer le manioc jaune.

Fabrication de la chikwangue avec le manioc à pulpe jaune
Des tubercules à pulpe jaune de la variété BUTAMU ont été distribués aux femmes de Loudima pour fabriquer la chikwangue. Les tubercules ont subi le même traitement que le manioc à pulpe blanche avec lequel on fabrique habituellement la chikwangue à savoir : rouissage pendant 4 jours dans l’eau, pétrissage, modelage, emballage dans les feuilles des marantacées, étuvage.
 

Tests de dégustation
La chikwangue est coupée en morceau et servi lors des repas pris au cours de différents évènements (ateliers de formation, Journée Mondiale de l’Alimentation). Les personnes appartenant à différentes catégories sociales (Ministres, diplomates, Cadres des administrations publiques, fonctionnaires, responsables des ONG,  paysans ont dégusté le manioc jaune et donné leur appréciation.


Résultats
Nombre de variétés à pulpe jaune mises en collection
La collection de l’IRA compte quatre variétés de manioc à pulpe jaune dont une introduite (BUTAMU) et trois locales (MBOTO, NGODIKI, DIKONDI). Aucun travail n’a encore été réalisé sur leur teneur en beta carotène.

Propriétés de la chikwangue
A l’exception de sa couleur jaune, la chikwangue présente les mêmes caractéristiques physiques (élasticité, consistance) que celui qui est issu de la pulpe blanche. De même le goût ne présente pas une différence décelable chez toutes les personnes qui accepté de manger.

Appréciation des consommateurs
Le sentiment de plus de cinq cent personnes a été recueilli. Toutes les personnes sont surprises de voir la chikwangue jaune. Quelques personnes ont cru que l’IRA a introduit un additif alimentaire (colorant) pour obtenir cette innovation. Chaque fois, après les explications des techniciens de l’IRA, tous ceux qui ont pris le courage d’essayer ont trouvé ce manioc à leur goût et leur volonté de se voir servir davantage a toujours  entrainé tout le monde présent à goûter ce nouveau produit. D’une manière générale, le agents de l’IRA se trouvent débordés, la quantité de manioc jaune prévue se trouvant toujours inférieure à la demande.


Conclusion
Le manioc à pulpe jaune se prête bien à la fabrication de la chikwangue. Le produit obtenu, à l’exception de la couleur ne présente pas de différence significative au plan organoleptique. Cependant, étant plus riche en beta carotène, tenant compte de la grande consommation du manioc par les congolais, ce produit peut jouer un rôle important dans la lutte contre la déficience en vitamine A.
Ce travail devra se poursuivre avec les autres variétés sur les autres produits dérivés (foufou, gari etc.).
En outre, la caractérisation des variétés devra permettre de préciser la teneur en beta carotène des variétés de manioc.


Bibliographie

NASSAR, N. , VIZZOTTO, C. S., LIMA da SILVA, H., SCHARTZ, C. A., JUNIOR, O. R. P., Potentiality of Cassava Cultivars  as a Source of Carotenoids www.geneconserve.pro.br/siteantigo/artigo026.pdf 7p.
Annonyme 2014 – Cadre stratégique de lutte contre la malnutrition au Congo. Horizon 2025. Brazzaville, 60p.



 

Présentation de l'IRA


L’Institut national de Recherche Agronomique 5IRA) est un établissement public  à caractère scientifique doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, créé par la loi n°25-2012 du 24 septembre 2012.

                       Institut National de Recherche Agronomique
B.P 2499 Brazzaville
Rép. du CONGO
Tél. : (242) 06 668 81 74
E-mail : iracongobzv@gmail.com
Missions
- maraîchères, fruitières et industrielles
- Mise au point des méthodes de lutte contre les maladies et ennemis de cultures
- Mise au point des techniques culturales adaptées
- Contrôle des semences et plants d’origine étrangère
- Contrôle et certification des semences
- Appui au développement agricole national pour l’adaptation des techniques sur le terrain,
Améliorer par voie génétique des plantes agricoles, horticoles, industrielles et médicinales ; - Multiplier et produire des vitro plants des cultures vivrières (manioc, banane, pomme de terre, etc.)Et industrielles (café, palmier à huile, cacao) selon les besoins de développement.
perfectionnement des cadres et techniciens et autres activités du monde rural
Etudes épidémiologique des maladies infectieuses et parasitaires des animaux d’élevage;
- Mise au point des méthodes de lutte contre les maladies, des animaux d’élevage
- Préparation et contrôle des produits biologiques (sérums, antigènes, vaccins) nécessaires au diagnostic et à la prophylaxie des maladies infectieuses et parasitaires des animaux d’élevage ;
- Assistance technique aux éleveurs
- Appui à la formation universitaire, formation par la recherche, études et conseil au développement.
 Organisation
Direction Générale
-Secrétariat
-Cellule chargée de la Coopération
-Cellule chargée de la Communication, archives, documentation et publication et des systèmes d’information

Responsable Scientifique
- Département de la production végétale , de l’agropédologie, de l’agroécologie, de la mécanisation et du machinisme agricole,
- Département de la production animale, halieutique et de la santé animale
- Département des technologies alimentaires et de l’agroindustrie
- Département de l’économie, de la sociologie rurale
- Cellule en charge de la programmation et du suivi-évaluation
- Cellule en charge de la biométrie et de la statistique
Responsable Administratif et Financier
- Cellule en charge des affaires administratives et du personnel
- Cellule en charge de la gestion  des carrières et de la formation
- Cellule en charge du budget et  des finances
- Cellule en charge ed la comptabilité
- Cellule en charge du patrimoine
- Cellule en charge de l’équipement et de la maintenance

Implantations nationales
Cinq (5) Zones de Recherche

Brazzaville
Pointe-Noire
Loudima
Oyo                           
Ouseeo                   



Programmes de recherches
Les activités de recherche sont groupées au sein des programmes fédérateurs classés en axes thématiques ci-après
-Axe Sécurité alimentaire et nutritionnelle
*Programme  Production et santé animale
  -Projet Développement des systèmes et filières de production animale
 - Projet Amélioration de la productivité  des élevages piscicoles et aquacole
   *Programme Production végétale et lutte contre les maladies et des bioagresseurs
 - Projet Appui au développement de la filière manioc
- Projet  Amélioration de la filière bananiers et plantains
 Lutte intégrée contre les maladies et ravageurs  des cultures et des denrées stockées

Appui au développement agricole

Financement FIDA à travers le PRODER SUD
° Production de boutures saines de manioc
° Production de semences (maïs , Soja, arachide, haricot)
°   Suivi technique des tests au niveau des GIEC
° Formation des techniciens agricoles et Producteurs regroupés.

Ressources humaines
L’IRA dispose actuellement de l’ensemble des chercheurs  issus des anciens centres  dissous.

Acquis majeurs  
° Des variétés performantes sélectionnées ou améliorées vulgarisées
Manioc ( 1M20, 42M8, MM78 )
Arachide (JL 24, Talon dama)
Soja (Jupiter DT 12, IRAT 274 )
Riz (ITA 306, ITA 150, IRAT 144, TOX 1011-4-A2, Nerica )
Maïs ( EV8443, MAC1, EV8428, MAC 2 )

°  Effet résiduel sur les travaux profonds su sol.
Identification des nouveaux ravageurs ex : Stictococcus vayssierei
°  Acclimatation et dispersion de Typhlodromalus aripo pour le contrôle de l’acarien vert du manioc
°  Engrais vert à base des légumineuses
°  Formules de fertilisation mises au point
°  Importance des associations culturales
°  Supériorité de la culture sur billons par rapport à la culture sur buttes et à plat.

Collaboration

Au plan national
ENSAF, Faculté des Sciences, Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, FAO, Agri-Congo, ONGs

Au plan international
SNRA Membres du CORAF, IITA, Bioversity, WARDA, CARBAP